Publié le

14/12/2020
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euradio se définit comme une radio associative, citoyenne et indépendante. Avec pour parrain, Jérôme Clément, fondateur et ancien président d’Arte, euradio a pour ambition de parler d’Europe aux citoyens pour lui donner la place qu’elle mérite.

Avec une programmation qui alterne entre reportages sur des initiatives locales, actualités européennes contextualisées et musique, la radio émet en FM à Nantes, dans plusieurs villes françaises sur le réseau de radio numérique terrestre, et partout sur le web.

Rencontre avec Laurence Aubron sa directrice et fondatrice qui revient sur la genèse du projet et ses ambitions pour l’avenir.

 

Vous avez créé euradio en 2007 à Nantes. Quelles sont la genèse et l’ambition du projet ?

L’origine du projet vient du constat que l’Union européenne n’est pas une préoccupation des médias. Elle n’apparait que tous les cinq ans au moment des élections au Parlement européen.
Selon moi, la responsabilité de parler d’Europe incombe à tous, pas uniquement aux politiques mais aussi à la société civile. Créer LE média centré sur l’Europe s’est imposé comme une évidence.

L’échelle européenne est le terrain de jeu sociétal, environnemental et économique qui va voir grandir nos enfants.
Il faut mobiliser les citoyens et impliquer les acteurs locaux pour montrer que l’Europe est bien là, sur le terrain, au-delà des jumelages entre villes par exemple. Nous souhaitons aller chercher les acteurs qui s’impliquent et construisent le projet européen car ce sont eux la preuve vivante de l’Europe.

L’ambition est aussi d’impliquer les jeunes, leur montrer ce qui se fait pour qu’ils puissent se forger une opinion.

Quelle est la ligne éditoriale de la radio ?

La ligne éditoriale d’euradio pourrait se résumer ainsi : l’Europe depuis notre territoire. Partir d’une information locale et la mettre en perspective à l’échelle européenne. Ce sont bien les villes qui agissent, qui ont des problématiques et échangent dans un contexte multi scalaire.

Il s’agit pour nous de combler un vide médiatique et de parler de l’Europe de manière concrète et accessible aux citoyens. Encore une fois, l’Europe est partout et dans tous les domaines.
Ainsi, nous produisons des émissions et des chroniques très diverses : politique, climat, jeunesse, culture, etc. tout en gardant comme motivation la pédagogie.

Autre pendant de notre ligne éditoriale, la musique. Nous sommes très attachés à faire connaitre la diversité de la création musicale européenne au-delà du folklore. Et parce qu’on pense que la diversité passe par la parité, notre programmation musicale respecte l’égalité femmes / hommes : un tiers des artistes diffusés sont des hommes, un tiers sont des femmes, le troisième tiers des groupes mixtes.

Comme vous l’avez compris refléter la diversité culturelle et linguistique est un leitmotiv de la radio. Aussi, les journalistes qui travaillent pour nous ne sont pas tous français, ils nous apportent un autre regard, c’est essentiel. Ce qu’on souhaite montrer c’est qu’il est possible de traiter l’Europe à partir de n’importe quel territoire.
Enfin, nous avons créé l’Académie euradio pour former les jeunes journalistes aux questions européennes.

 

 

© Tristan Boursico

Quel est votre modèle économique ?

euradio à Nantes est soutenue par Nantes Métropole, la Région Pays de la Loire et le Département de Loire-Atlantique. Elle reçoit également le soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ainsi que du Ministère de la Culture. D’autres collectivités locales commencent à nous soutenir : c’est le cas notamment de la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg, la Ville et la Métropole de Lyon, la Région Ile-de-France. Nous répondons aussi à des appels à projets des institutions européennes. Côté privé, la Fondation Hippocrène soutient le développement d’euradio.

Aujourd’hui nous aimerions faire évoluer notre modèle économique en ayant recours à une fondation. C’est ce que nous essayons de faire avec la Fondation Hippocrène justement.

On développe aussi nos ressources propres en proposant diverses prestations de services.

Autre levier, nous souhaitons impliquer ceux qu’on appelle les « grands patrons ». Car sans l’Europe, les grandes entreprises n’existeraient pas et leurs dirigeants se doivent de défendre l’Europe.

 

Comment souhaitez-vous faire évoluer votre radio ?

Si euradio est née à Nantes, elle émet aujourd’hui dans plusieurs villes (Paris, Lyon, Lille, Strasbourg, mais aussi La Roche sur Yon, Le Havre, Marseille, etc.). Puisque notre projet c’est de reconnecter l’Europe aux territoires, nous devons démultiplier euradio dans différentes villes. Ceci est possible grâce au DAB+ (Digital Audio Broadcasting) qu’on appelle aussi radio numérique terrestre. La bande FM étant saturée, le Conseil supérieur de l’audiovisuel autorise des radios à émettre via cette technologie.

A terme, nous aurons ainsi un programme national avec des décrochages régionaux dans nos 17 antennes. Nous nous engageons dans cette voie en diffusant sur de nouveaux territoires, comme récemment à Toulouse et à Bordeaux. Pour ce faire, il faut que les collectivités concernées s’investissent dans le projet, ce qui est souvent le cas, puisque notre moteur est celui de l’Europe locale, elles y voient donc un intérêt.

Au-delà de rayonner en France, notre ambition est de développer des euradio dans les autres Etats membres de l’UE, peu importe la barrière de la langue qui est souvent invoquée. L’important est de pouvoir informer sur des sujets partagés, et c’est bien l’essence de l’Union européenne, de confronter les points de vues entre cultures différentes.

La radio est le média le plus facile à développer en Europe, c’est celui qu’il faut utiliser.

 

Et enfin, une question plus orientée, quel est votre avis sur l’Europe locale ? L’Union européenne investit dans les territoires et le développement de projets ayant un impact pour les citoyens. Aussi, pensez-vous que ce type de sujets puisse intéresser vos auditeurs ?

Oui c’est une évidence.

Le projet européen doit être défendu par les citoyens, la société civile, par ceux qui travaillent, qui inventent les projets de demain et font vivre l’Europe. Donc mettre la lumière sur des projets de terrain c’est primordial, tout en ayant en tête d’expliquer d’où vient l’idée du projet et quel impact il aura : Pourquoi et pour qui.

C’est ce que nous avions essayé de faire avec le programme TV « Les 751 » qui avait pour toile de fond le Parlement européen. Il faut selon moi montrer les visages, montrer les gens. Faire le lien entre la politique commune de la pêche, sujet ô combien européen, et le pêcheur.

C’est pour aller dans ce sens que nous produisons des reportages et des podcasts sur des projets locaux financés par l’Union européenne. C’est le cas par exemple de l’émission en partenariat avec Eurêka21. Chaque semaine, euradio diffuse un podcast de 5 minutes qui donne la parole à un porteur de projet : on peut citer le projet Emblematic qui met en réseau des espaces montagneux dits Emblematic dans l’espace méditerranéen pour promouvoir une autre forme de tourisme, ou encore le projet Colabora qui recense et compare des espaces de coworking à l’échelle européenne pour constituer une méthodologie. Plus concrètement le projet Biocanteens, porté par la commune de Mouans-Sartoux qui s’est engagée dans des cantines scolaires bio et favorisant la production locale.

Ces projets ont en commun d’être financés par l’Union européenne tout en répondant à un besoin local.

Découvrez les projets de la série Eureka 21 !

La programmation musicale européenne d'euradio : une programmation 100% égalité femmes-hommes

En savoir plus sur la programmation musicale : ici.

Voir ou revoir la série "les 751"

Propos recueillis par Sandra Chaignon, Agence nationale de la cohésion des territoires